jueves, 19 de abril de 2012

Trois ans déjà

Dans un peu moins d’un mois, cela fera 3 ans que Odette n’est plus. Trois longues années  sans Odette. Une absence. Un blanc. Un vide.
Certains connaissent Odette, d’autres non. Mais nombreux sont ceux qui savent que Odette a eu une place spéciale dans mon existence. Dans ma vie. Dans mon coeur.

J’ai connu Odette par pur hasard. En regardant à la télévisión  libanaise, depuis mon poste à l’autre bout de la méditerranée, un reportaje sur “les prisonniers libanais en Syrie”.

Pendant un de mes nombreux séjours au Liban,  je suis allée, par curiosité, visiter la “khaymé” lieu de rencontre des  parents, frères, soeurs, fils, filles,  “des disparus arbitrairement et emprisonnés en Syrie”.  Quelque part en moi, en tant que libanaise, je me sentais des leurs. Je me sens toujours des leurs, malgré la distance qui me sépare de cette cause.

Ma  première rencontre avec Odette  remonte à l’année  2005. Dans la “Khaymé” située dans les jardins de Gibran, dans le centre-ville de Beyrouth, face à l’emblématique ESCWA. Une femme, fragile et forte en même temps. Fragile par sa situation, de veuve, maman, de Christine et Richard, disparus depuis 22 ans à l’époque, et sans aucune nouvelles d’eux, dormant dans la “khaymé”, et faisant face aux intempéries, les caprices du ciel et de la nature. Mais  aussi, de l’être humain et son m’en foutsime. L’hypocrysie  des politiciens. Et l’égoisme des dirigeants.  Forte, de par sa situation aussi. Sacrifiant sa vie pour retrouver ses enfants. Sacrifiant sa vie pour la continuité de la “khaymé”.

Je n’arrive toujours pas à donner un nom à ma relation avec Odette.
Ô combien elle m’appelait, pendant mes séjours au Liban, pour me dire. “Viens, j’ai fait de la mjaddara et du tabboulé”. Elle savait que ces deux plats libanais étaient mes favoris. Ô combien, j’ai joué, pendant des heures aux cartes avec elle, moi qui ne supporte pas les jeux de cartes. Nassim s’en souviendrait certainement. J’étais lente à apprendre, mais au bout du compte, j’apprenais. Pour faire plaisir à Odette.

A la “khaymé”, j’ai connu  Nour, Sonia, Dory, Jannette, Emm Ghassan, Nassim, etc… J’ai connu Ghazi aussi. Un être exceptionnel.
J’ai connu de nombreux familiers. Mais Odette, était pour moi, Odette. Des fois, lorsque je la sentais un peu tristounette, c’était  Odetta.
Trois ans sont passés depuis le départ d’Odette, et rien n’a changé. La “Khaymé” est toujours là. Les familiers se réunissent encore et toujours. Seul point noir au tableau, l’absence d’Odette, qui a été fauchée par un chauffard un jour de mai 2009, le mois de la Vierge.
Tu seras toujours là Odette. Et ne t’en fais surtout pas pour les enfants. Ils seront en de bonnes mains à leur retour.